Les années 90 et la relation Sino-Birmane

Les années 90

Néanmoins, la junte militaire reste au pouvoir avec le Général Saw Maung jusqu’en 1992 puis le Général Than Shwe jusqu’en 2011. L’économie monopolistique pratiquée par cette dernière laisse une grande partie des secteurs birmans dans la précarité. Dans une période où le savoir-faire et les investissements étrangers auraient été plus que les bienvenus, la répression aux manifestations de 1988 de façon violente et le renouvellement de la junte militaire pousse la communauté internationale à prendre des sanctions économiques envers la Birmanie[7]. Ces sanctions, qui marquent cette décénie viennent de plusieurs acteurs indispensables dans l’économie mondiale. En 1997, les Etats-Unis interdissent premièrement l’investissement américain dans le pays, puis, en 2003, l’importation de tous produits birmans ainsi que le transfert de devises par une banque américaine. D’un autre côté, l’Union Européenne exclut la Birmanie du système de préférence généralisée. En 1997, les investissements étrangers sont plus faibles qu’en 1990 et les sociétés occidentales ferment  de plus en plus les entreprises sur le territoire birman[8]. Ces sanctions sont dévastatrices pour la Birmanie car elles empêchent une modernisation de l’industrie et un accès à la technologie. Cela constitue un frein au développement de la Birmanie qui se trouve de plus en plus à la marge du commerce international.

Relation Sino-Birmane

 

Subissant également des sanctions de la part de la communauté internationale, la Chine renforça sa relation avec la Birmanie lors du renouvellement de la junte en 1988. Cette dernière est en effet intéressée par un accès aux mers du Sud et  aux provinces se trouvant vers l’Asie dite « indo-chinoise » grâce à leurs ressources naturelles[9]. En quelques années, la Chine devint le principal partenaire économique de la Birmanie. Effectivement, les échanges bilatéraux sont passés de 9,5 millions de dollars US à 2 milliards en 2007[10]. La Chine investie donc massivement dans les infrastructures du pays, dans le secteur de l’énergie et dans le commerce frontalier. Toutefois, consciente de la montée de l’influence chinoise dans son territoire, la Birmanie accède à l’ASEAN en 1997. Cela sert entre autres, à rééquilibrer les relations commerciales avec d’autres pays afin d’être plus indépendante de la Chine[11]. Cela n’est qu’un exemple de l’ambigüité de la relation Sino-Birmane.  Elle garde certes une position avantageuse avec la Birmanie  en ayant une priorité lors de la signature de grands contrats. Toutefois, cette dernière souhaiterait une plus grande ouverture économique de la part de la Birmanie qui en gardant une économie monopolistique, maintient un grand contrôle sur ses ressources[12].

Ainsi, même si pendant les années 90 et les années 2000 la Birmanie est toujours considérée comme l’un des pays les moins avancés, des modifications quant à l’ouverture de son économie ont lieu. En effet, que ce soit avec la Chine ou au sein de l’ASEAN  qui lui permet d’avoir des relations avec deux puissances commerciales émergentes comme le Vietnam ou l’Indonésie, la Birmanie montre une certaine volonté de changement.


 

[7] Mya Than & Joseph L. H. Tan. 1990 « Myanmar Dilemmas and Options : the challenge of Economic transition in the 1990s », Singapore.

[8] Defert, Gabriel, « Birmanie contemporaine », IRASEC, Les Indes savantes, Paris, 2008.

[9] Egreteau Renaud, « Pékin et l’épine birmane  », Outre-Terre 1/ 2009 (n° 21), p. 259-265.

[10] Lee Kin Kiong, Teruko Saito, “Statistics on the Burmese Economy : the 19th and 20th Centuries”, Singapour, Institute of South East Asian Studies, 1999, p. 188.

[11] Tin Maung Maung Than, « Myanmar and China : A Special Relationship ? », Southeast Asian Affairs, 2003, p. 189-210.

[12] Egreteau Renaud, « Pékin et l’épine birmane  », Outre-Terre 1/ 2009 (n° 21), p. 259-265

 

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