Révoltes de 1988 et conséquences

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Lac Inya, Yangon

Les événements de 1988 ont effectivement été très intenses pour la Birmanie. En mars 1988, plusieurs mouvements étudiants descendirent dans les rues de Yangon et sur le campus universitaire pour manifester contre le régime.[1] Quatre jours plus tard, les militaires massacrèrent les manifestants en les noyant dans le lac Inya et en les mitraillant. Le mouvement s’éteint en une semaine, mais provoqua des soubresauts des mois suivants. En août, la loi martiale fut déclarée afin que la junte militaire rétablisse l’ordre. [2] Une grande manifestation fut organisée le 8 août 1988, date symbolique pour la numérologie. La répression fut cruelle et horrible et, en quatre jours, le nombre de morts s’élevait à 3000, sans compter les disparus et les victimes d’emprisonnement. [3] C’est à ce moment qu’entre en scène Aung San Suu kyi qui était au pays pour visiter sa mère. Témoin de ces horreurs, elle décida de commencer sa lutte politique pour libérer son peuple du régime de la junte. Elle fut vite acclamée par son courage et devint la cible du général Ne Win. Suite aux événements, les réactions de la Communauté internationale furent vives et une multitude de sanctions furent imposées à la Birmanie pour avoir violé les Droits de l’Homme. [4]

Aung San Suu Kyi
Aung Sann Suu Kyi

Des élections auront finalement lieu en 1990, mais voyant qu’il allait perdre les votes, le parti entama une nouvelle phase répressive.[5] Le processus électoral qui s’était démontré jusqu’à ce moment libre et sans contrôle cachait les véritables intentions de la junte. Elle ne considérait pas vraiment le fait de perdre le pouvoir et manipula le résultat des élections. [6] Plusieurs leader du NLD dont Aung San Suu Kyi étaient déjà emprisonnés ou maintenus captifs étant donné la campagne de désobéissance civile qu’ils avaient menée. [7] Les pressions internationales commencèrent à être plus fortes surtout au moment où Aung San Suu Kyi remporta le prix Nobel de la paix en 1991.[8] La crise financière asiatique de 1997 déstabilisa fortement l’économie birmane et, par le fait même, le régime en place. [9]

En 2003, la démocratisation est présente dans l’agenda politique de la junte, mais sous la forme d’une « démocratie guidée ». [10] Avec l’aide du secrétaire général de l’ONU, la leader du NLD Aung San Suu Kyi pourra être libérée et voyager à travers le pays. Toutefois, en 2003, elle sera attaquée et forcée de retourner dans son domicile sous surveillance. [11]

Les sanctions imposées au régime politique par les pays occidentaux visaient à affecter économiquement l’intérieur du pays. Malgré sa situation précaire, la Birmanie ne recevait pas d’aide étrangère comme les autres pays en voie de développement, par exemple, une aide du FMI. Cependant, les réserves en pétrole et les ressources naturelles ainsi que l’appui de la Chine ont permis au régime de survivre. [12]


[1] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 64

[2] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 65

[3]Renaud Egreteau Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 67

[4] Kyaw Yin Hlaing. « Understanding Recent Political Changes in Myanmar ». Contemporary Southeast Asia 34.2 (2012),202.

[5] Robert H. Taylor, « Myanmar: from army rule to constitutional rule? », Asian Affairs 43.2(2010), 230.

[6] Renaud Egreteau, Histoire de la Birmanie contemporaine : le pays des prétoriens ( Paris: Fayard, 2010), 81

[7] Robert H. Taylor, « Myanmar: from army rule to constitutional rule? », Asian Affairs 43.2(2010), 230.

[8] Ibid., 231

[9] Ibid.,  231

[10] Renaud Egreteau, « Birmanie?: la transition octroyée », Études 416 (2012), 299

[11] Robert H. Taylor, « Myanmar: from army rule to constitutional rule? », Asian Affairs 43.2(2010), 231.

[12] Robert H. Taylor, « Myanmar: from army rule to constitutional rule? », Asian Affairs 43.2(2010), 234.

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