Guerre d’indépendance

La destruction du centre de pouvoir traditionnel légitime, dans ce cas le pouvoir monarchique, peut avoir joué contre les Anglais. En effet, l’alliance entre l’élite locale et pouvoirs coloniaux peut favoriser la légitimation de ce dernier. Conséquemment, lorsque le nationalisme est apparu, il n’y avait pas une division entre les loyalistes, qui auraient pu tirer profit de rester dans l’Empire, et ceux qui demandait des changements. [1]

Aussi, l’imposition d’une liaison avec l’administration Indienne a donné au nationaliste un autre ennemi contre lequel se battre. Le sentiment anti-indien a nourri fortement la montée nationaliste en autre, car ils avaient accès à des poste plus importants dans la bureaucratie, mais aussi parce que le contact de l’Inde qui se voyait donner une certaine autonomie influençait les idées nationalistes birmanes. [2]

Discours d'Aung San
Discours d’Aung San

Les premiers mouvements nationalistes apparaissant en Birmanie étaient très fortement centré sur un aspect religieux. En 1906, l’organisation « Young Men’s Buddhist Association » (YMCA) voit le jour. Il voulait redonner un second souffle à la culture birmane et à la religion qui était largement détériorées par les politiques coloniales. Ce mouvement se politisa beaucoup lors d’une polémique sur le port de souliers dans les temples pour les étrangers. Confrontant directement les valeurs bouddhistes, une division forte se crééa entre les forces coloniales d’une part et de l’autre part les Birmans, Shan et Mon. [3]

Suite à la première guerre mondiale et à l’obtention d’auto-gouvernance de l’Inde, le mouvement nationaliste se divisa en Birmanie selon les revendications et les degrés de radicalisation. Dans les années 30, le mouvement se radicalise autour des mouvements étudiants. En 1937, les Britanniques finissent par autoriser la séparation de la Birmanie de l’Inde et autorise une nouvelle constitution prévoyant plus d’auto-gouvernance. [4]

Aung San
Aung San

Cependant, plusieurs factions nationalistes insatisfaites des concessions demandent l’indépendance complète et continuent leurs luttes. « Les trente camarades » sont l’organisation politique qui mènera l’indépendance de la Birmanie contre les Anglais. Ils obtiendront l’aide des Japonais qui leur fourniront armes et entraînements militaires. [5] Les Japonais envahiront ensuite la Birmanie comme plusieurs autres territoires en Asie du Sud-Est lors de la deuxième guerre mondiale, menant ainsi un ordre colonial autoritaire et cruel. Les Japonais avaient alors promis l’indépendance aux Birmans en échange de leur participation dans la guerre. Entre 1943 et 1945, les leaders nationalistes birmans dont Aung San réalisent que les Japonais n’offriront pas l’indépendance tant souhaitée. Ils lutteront pour leur indépendance en compagnie des Britanniques. [6]

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Japonais sur un élephant

Au retour des Anglais, les mouvements nationalistes sont plus actifs que jamais. Les négociations sont alors entamées avec les Britanniques. Aung San demande aux Britanniques de quitter le pays dès janvier 1947. [7] Plusieurs minorités elles même étaient très inquiètes de la montée en pouvoir de l’Armée de libération parce que, pour eux, une majorité birmane menaçait leur droits en tant que groupe nationale. Par le passé, plusieurs d’entre eux avaient souffert d’esclavagisme et de discrimination.[8] Cependant, le leader Aung San fut un des premiers à réaliser que le consensus avec les minorités était primordial. En tant que leader dans la guerre d’indépendance, il soutenait que la restauration du système monarchique n’apporterait pas de support et qu’il serait préférable d’opter pour une structure libérale qui inclurait les minorités non bouddhistes. [9] Son rapprochement avec les minorités ethniques lui valut son image de héro de l’Indépendance ayant voulu mener des politiques inclusives. Malheureusement, Aung San fut assassiné en 1947 par un nationaliste rival.[10] La Birmanie après plusieurs années de luttes devint finalement indépendante en 1948.


[1] Paul Kratoska,«Nationalism and Modernist Reform», The Cambridge History of Southeast Asia, vol. 3 sous la direction de Nicholas Tarling (Cambridge: Cambridge University Press, 1999), 281

[2] Ibid., 281

[3] Ibid., 282

[4] Ibid., 282

[5] Ibid.,  286

[6] Hobbs, Cecil, « Nationalism in British Colonial Burma», The Far Eastern Quarterly, 6.2 (Feb., 1947), 118

[7] Ibid., 119-120

[8] Charmaine Craig, «Burma’s Fault lines: Ethnic Federalism and the road to Peace», Dissent 61.4 (University of Pennsylvania Press, Fall 2014), 95.

[9] Yu Mung Cheong, « The Political structure of the Independent States », The Cambridge History of Southeast Asia, vol4 sous la direction de Nicholas Tarling (Cambridge: Cambridge University Press, 1999), 81

[10]  Charmaine Craig, «Burma’s Fault lines: Ethnic Federalism and the road to Peace», Dissent 61.4 (University of Pennsylvania Press, Fall 2014), 96. 

Photo: http://www.herodote.net/4_janvier_1948-evenement-19480104.php

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